Promenade ...
m'a tout naturellement menée au travail du bois.
Je ne travaille que des bois ayant servis de tuteurs à du Chèvrefeuille sauvage
ou des bois ayant souffert lors du passage d'un engin forestier.
Quand je rentre dans une forêt, je lui demande toujours l'autorisation de cueillir des branches.
Et la forêt me répond lorsque je suis devant un arbre qui présente une belle branche bien tordue.
Bien entendu, cette réponse se fait par des perceptions, des impressions qui passent entre l'arbre et moi.
Si je sais dès le départ ce que je vais faire de ce morceau de bois, alors l’arbre m’a répondu « oui », mais si j’hésite, ne sachant trop ou couper cette branche, ne sachant pas vraiment immédiatement quelle va être sa transformation entre mes main, alors c’est que l’arbre n’est pas prêt à m’offrir une partie de lui-même.
Dans ce cas là, je lui caresse doucement son écorce, je lui souris,
je le regarde jusqu’à sa cime, et je lui dis juste ces quelques mots :
« Salut, sois heureux, et peut-être à une prochaine fois ! »
Pour trouver de si beaux morceaux de bois, il faut faire
des heures de marche, rentrer dans les endroits encore vierges, ceux où personne ne va, ceux où seule la nature a fait ce
qu’elle a eu envie de faire.
Dans ces conditions, je rentre dans des entrelacs de ronces,
de branches, de Chèvrefeuille, d’orties, et je suis certaine
que les petits Lutins des bois me tendent des pièges.
Quand ils me voient arriver, ils se mettent à 2 et au moment précis où je passe, ils tirent très fort sur une ronce pour la tendre et me faire un croche-pied qui me fait quand même des égratignures pas toujours agréables, surtout aux chevilles.
Mais je ne vais pas à la scierie pour acheter mon bois, ça ne me coûte donc pas d’argent.
Je le gagne par mes égratignures de ronces, mes heures
de marche, et la difficulté de couper ces branches
avec une petite scie à main et un sécateur.
qu’ils ont la particularité d’être chahuteurs,
coquins, rusés, malicieux, mais surtout farceurs !
Ils sont d’une gentillesse rare, toujours d’attaque
pour rendre service au malheureux en péril.
C’est au beau milieu de cette végétation indomptée,
que se cachent les trésors des forêts.
Dans ce méli-mélo de branchages qui entrave chacun de mes pas,
l'avancée se fait lentement, ce qui est parfait pour pouvoir regarder de-ci de-là,
scruter les branches qui, au printemps et en été, sont plus feuillues que les autres.
Pourquoi : mais simplement parce qu'elles portent leur propre feuillage et celui du Chèvrefeuille.
Malgré l'apparence tourmentée du bois tuteur,
les 2 végétaux vivent dans une osmose totale.
Le Chèvrefeuille a la particularité de ne plus ni grossir, comme la glycine
qui étouffe son tuteur, ni se distendre quand il a trouvé un tuteur.
Il fait des pousses très hautes car en plein milieu de la forêt,
ce n’est pas son habitat idéal puiqu'il est trop à l’ombre.
Alors il monte le long de ces fameux arbres pour aller chercher le soleil et la lumière
et faire une toute petite fleur qui sent quand même très bon.