Tosca ou la Magie du Cristal de Roche

Par une chaude après-midi de Juillet, baguettes----Brie.JPG
alors que j’avais 6 mètres d’échoppe à surveiller, une femme toute de n
oir vêtue, les cheveux comme de l’ébène, portant une énorme Obsidienne noire au bout d’une grosse chaîne, s’arrête devant le petit panier en osier, en forme de corne d’abondance qui contient les Baguettes magiques.

Lentement elle en prend une, la regarde, puis la serrant doucement dans ses 2 mains, pose cette Baguette contre sa poitrine et ferme les yeux un instant.
Elle met ce morceau de bois sur la table mais pas dans le panier,
puis recommence la même scène avec une autre Baguette, puis une autre et encore une autre, ainsi pendant au moins 20 minutes.


Elle avait fini par constituer 2 tas de Baguettes bien rangées mais surtout bien espacées.
De ces dernières, elle en choisit 7, puis s’approche de moi en me présentant ce
bouquet de Baguettes comme un trésor et avec un fort accent Hollandais me demande : 

-        « combien je vous dois ? »

-        « rien » lui ai-je dis « car je ne vous les vends pas ! »

En effet, lorsque je coupe une branche sur un arbre, c’est en lui demandant tout d’abord sa permission, puis en lui promettant de tout faire pour que ces petits objets que je façonne avec Amour, aient une très belle vie, avec une personne qui en a besoin, envie, mais surtout une personne qui veut répandre le bonheur, la gentillesse et surtout la Paix autour d’elle.

Il était donc hors de question que je lui vende plus d’une seule baguette car je n’en vends jamais par personne interposée.
Pourquoi ? Simplement parce que ce n’est pas la personne qui choisit, mais la baguette qui l’appelle, un peu comme dans Schrek quand l’Ane saute derrière tout le monde en criant :

« Moi, moi, choisis-moi, badaboum (chute de l’Ane), etc. »

La différence, c’est que les baguettes sont beaucoup plus discrètes,
mais pas moins insistantes !


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Tosca m’a écouté lui parler de mes petits morceaux de bois, de mes convictions,
de mes engagements vis-à-vis de la nature, l’air très détendue, relaxée, souriante avec ce regard qui lui est propre, regard profond d’où émane un infini respect envers mes certitudes.

Puis à son tour, elle m’a expliqué ce qu’elle fait, qu’elle est Lithothérapeute, qu’elle donne des cours en Hollande, qu’elle vit un peu en France, un peu en Hollande.
C’est ce jour là que j’ai appris que l’on pouvait charger du bois positivement ou négativement. Elle m’a dit que cela faisait de longues années qu’elle cherchait quelqu’un qui travaille le bois en y mettant autant d’énergie positive.
Depuis ce jour, si je ne suis pas en forme, contrariée, je ne travaille ni baguette, ni Bâtons de marche afin qu’aucun ne puisse transmettre de l’énergie négative.

Nous avons longuement discuté, j’étais curieuse d’en connaître d’avantage sur les vertus des pierres et surtout des cristaux de roche, sur l’acquisition de mes baguettes pour ses élèves. J’ai appris une foule de choses en très peu de temps, mais pas encore assez à mon goût.

Il est bien évident que j’ai accepté de vendre ou plutôt de céder ces baguettes,
les 7 qu’elle avait choisies car elles étaient plus énergisées que les autres.

Tosca est revenue me voir le lendemain pour m’apporter un « petit cadeau »
comme elle a dit. Elle m’a tendu un genre d’étui gris en peau de mouton retourné, l
es poils vers l’intérieur, protégeant un énorme et superbe cristal de roche très pur,
avec les 5 faces de l’Amitié.

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Quelques jours plus tard, Tosca est revenue, toujours habillée de noir et
parée de son Obsidienne. La voilà qui se dirige vers un panier posé au sol
contenant 3 bâtons avec la mention « vendus » écrite dessus.
Effectivement, il y avait un bâton très haut avec un pommeau tout rond en bois
pour Fabrice un Ami qui, entre autre, est échassier, un deuxième plus petit, fin,
très tordu mais très droit, destinée à Isabelle sa Femme, danseuse merveilleuse
et Elfe blanc.

 

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Le troisième bâton était très tordu, je lui avais mis en haut, un bois de petit cervidé.

 

C’était le mien,
le seul que j’avais fait et qui ne soit là que pour le décor.

Il me servait quand même à faire fuir les échassiers qui surgissent du néant et qui font peur aux enfants ! Courageusement, je m’armais et criais en piquant les fesses des grandes bestioles avec les pointes du  bois : 
« Partez, sales bêtes, rentrez chez vous, laissez ces enfants en Paix,
et allez répandre la terreur ailleurs !»
A chaque fois, les grandes méchantes bêtes fuyaient, le public riait et les enfants me regardaient avec de grands yeux étonnés qui trahissaient à la fois leur admiration
(il faut bien que je me fasse mousser un peu), et leur frayeur.

Tosca avait mon bâton dans ses mains et commençait à le ressentir comme elle l'avait fait avec les baguettes. Je lui ai tout de suite enlevé tout espoir q’acquérir cet objet
car il était mien, je l’avais fait pour moi, en l’aimant un peu plus à chaque fois
que je le travaillais. Il y a des bois qui demandent du temps et beaucoup de patience pour me donner ce qu’ils ont de plus beau. Celui-ci en faisait partie.

Il y avait tant d’autres bâtons à côté de celui-ci ! Pourquoi justement le mien ?

 

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Durant tout cet échange de demandes et de refus, Tosca avait gardé l’objet de la discorde dans ses mains et le touchait sur chacune de ses circonvolutions, le regardait, le tournait dans un sens puis dans l’autre,
le serrait contre elle, caressant le doux espoir de me voir abdiquer.
Mais elle ne me connaît pas, je suis plus têtue qu’une mule croisée avec un mulet !

La discussion commençait à traîner en longueur, on tournait en rond,
je ne pouvais pas vendre mon bâton, il n’avait pas de prix,
c’était le mien !
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 Alors j’ai regardé Tosca bien droit dans les yeux
et je lui ai dit :
« Vous ne comprenez pas ……. ? Il n’est pas à vendre !»
Je pensais ma phrase sans appel, mon ton avait été cinglant, c’était clair : c’était NON !

 C’est alors que Tosca a planté son regard dans le mien.
J’ai vu en elle une profonde sincérité, une grandeur d’âme,
une générosité sans égale, aucune méchanceté malgré mes paroles sèches et tranchantes, et lentement elle m’a dit :

« C’est vous qui n’avez pas compris, je ne le veux pas, ………..
il me le faut ! »

A cet instant, j’ai su qu’elle avait touché mon cœur, que ce bâton allait devenir sien.

C’est avec l’esprit tranquille que je lui en ai fait cadeau car je sais qu’il est entre
de bonnes mains, qu’il ne souffre pas, qu’il fait ce pourquoi il était destiné :

faire le bien !

En échange, Tosca m’a offert son dernier livre sur les Cristaux de Roche,
les vertus et les pouvoirs des pierres. Elle me l’a dédicacé, je le consulte souvent.

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C’est avec un mélange de regrets et de bonheur que je l’ai vue partir avec lui.

Une question me turlupinait depuis que j’avais rencontré cette personne si encline
à la pureté et à tout ce qui a trait à la santé, le bien-être et le bonheur d’autrui.

Et vous qui avez lu cette histoire jusqu’ici, rien ne vous a choqué, rien ne vous met un petit doute dans la droiture de cette Lythotérapeute ? 

C’est la couleur de ses vêtements ! Pourquoi toujours tout en noir ? On parle de magie noire depuis longtemps, de ces jeunes percés un peu partout, vêtus de noir et qu’on appelle « gothiques », le noir qui est la couleur du deuil, donc de la mort, alors pourquoi elle aussi ?

Le plus simple a été de lui poser la question à laquelle elle a répondu avec gentillesse.

Etant donné qu’elle dépense énormément d’énergie dans son travail pour charger
ses minéraux, elle a besoin de capter le moindre rayon de soleil pour
« recharger ses batteries ». 

 

 

Avec du recul et après réflexion, je me souviens très bien du jour où j’ai trouvé ce fameux Bâton.

Je ne l’ai pas cueilli, il était au sol.  Sa forme tarabiscotée a accroché mon regard dès
le départ. Et quand je l’ai pris dans ma main, sentant son poids, et une vibration inexpliquable, j’ai su qu’il n’était pas mort ! Pourtant, il ne ressemblait plus à grand-chose : il fallait que je sois aveugle ou démente pour y croire !

Et pourtant si, il restait un peu de vie restait en lui, alors je l’ai recueilli en lui disant :

« Je vais faire quelque chose de beau avec toi »


Mais en fait, je ne lui avais jamais promis qu’il serait mien. J’ai aimé le travailler,
le voir changer et s’embellir au fur et à mesure des mois.
À cette époque, je ne savais pas que l’on pouvait charger du bois de manière positive ou négative, donc il a été travaillé avec mon cœur, mes sentiments,
mes moments de doutes (et ils ont été nombreux), mes moments de rires et de joies,
de peines et de colères.
Maintenant que j’y repense, il était moi, tout simplement, sans aucun secret
pour celui qui sait ressentir le bois.

Et c’est certainement pour cela que Tosca a voulu ou eu besoin de ce Bâton.

 

Depuis bien longtemps, Tosca habitait un peu en France, un peu en Hollande.

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A la fin du mois d’Avril 2006, elle a vendu sa maison qui est dans l’Allier
pour s’installer définitivement en Hollande. Les voyages la fatiguant beaucoup,
son travail s’en ressentait, et c’est donc à contrecoeur qu’elle a laissé en France, Balthazar, le vieux chêne qui règne dans son jardin,
le protégeant malgré tout dans l’acte de vente.

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Voilà maintenant plus d’un an et demi que nous n’avons pas vue Tosca.

Son dernier mail datant d’un an disait à la fin : 
« patience et confiance ».

Avec mon Mari, nous pensons souvent à elle,
mais nous n’avons plus de nouvelles …

Tosca, tu me manques, tu nous manques !

 

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